Le guerrier japonais : samouraï, bushi et daimyo

Plusieurs mots désignent les guerriers japonais, bien souvent mal compris par les français et les autres occidentaux. Faisons un point ensemble sur ces différents termes pour mieux comprendre l'identité de chaque classe guerrière et sur le contexte historique.


Sommaire :


Qu'est-ce que la période Sengoku ?

Il s'agit de 150 années entre le début de la guerre d'Onin (1467-) et la fin du Natsu-no-jin d'Osaka (1615). À cette époque, le pouvoir du shogunat Ashikaga s'affaiblit et des seigneurs de guerre apparaissent dans tout le pays, permettant à chacun d'avoir des ambitions guerrières et politiques. Même si vous n'étiez pas un samouraï, selon vos capacités et votre talent, vous pouviez gravir les échelons et devenir un valeureux dirigeant. En cette période de turbulence, les seigneurs de la guerre de tous horizons luttaient pour se faire un nom.

Samourai vs bushi : quelle différence ?

Samouraï et bushi signifient presque la même chose de nos jours. Toutefois, ce n'est qu'à l'époque d'Edo que les deux termes ont pris le même sens. À l'origine, le terme "samouraï" trouve son origine dans le mot "saburau", un garde qui servait aux côtés de la noblesse à Kyoto. Avant la période Edo, seuls les plus anciens des guerriers étaient appelés samouraïs.
Il existe par ailleurs de nombreuses théories sur les samouraïs, mais à partir de la seconde moitié de la période Heian (794-1185) environ, des familles puissantes ont commencé à apparaître dans les campagnes et à régner par la force sur les terres. Les aristocrates de rang inférieur, eux, ne pouvaient espérer s'élever dans le centre du pays alors ils descendaient de Kyoto vers les provinces pour s'associer aux clans puissants, donnant naissance au Bushidan (武士団). Les plus célèbres d'entre eux étaient les clans Minamoto et Taira.
Un chef de guerre (busho - 武将) est un samouraï qui a de nombreux subordonnés et qui dirige ses troupes. Il est à la tête de la hiérarchie d'un groupement militaire puissant.

Qu'est-ce qu'un daimyo ?

Un daimyo est un seigneur féodal, un samouraï qui détient un fief dans un pays ou une partie d'un pays et qui dirige ses vassaux. À l'époque des États combattants (Sengoku), un daimyo était un général dans la classification des seigneurs de guerre, mais à l'époque Edo, la norme a été fixée et elle désigne un samouraï qui possède un fief de 10 000 koku ou plus. 1 koku = 1 an de ration de riz pour 1 homme. Donc 10 000 koku = 1 an de riz pour 10 000 hommes.
Un seigneur féodal possédant 10 000 koku ne peut mobiliser qu'environ 200 hommes lors d'une bataille. Tous les grands généraux qui ont pris part à la bataille de Sekigahara dirigeaient des armées de plus de 2 000 hommes, ce qui fait que 10 000 koku n'est pas un assez grand nombre. Durant la période Edo, les daimyos possédant moins de 30 000 kokus n'étaient pas autorisés à posséder des châteaux.
L'existence des daimyos remonte à la période Muromachi, lorsque le shogunat Ashikaga a donné la position de "gardien" à des hommes puissants chargés de gouverner leurs régions respectives, et ils étaient appelés "daimyos gardiens" (守護). Au cours de la période des États combattants, il existe des exemples de familles qui étaient des daimyos gardiens au cours de la période Muromachi et qui sont devenus des daimyos des États combattants. Par exemple, Oda Nobunaga est issu de la famille Oda, qui était à l'origine les vassaux d'un tuteur, pour unifier Owari. Ce type d'ascendant était appelé "Shimo-Keikaku" (下克上) et était assez courant à l'époque des États en guerre.

Est-ce qu'il y avait une justice au temps des samouraïs ?

Les seigneurs de la guerre croyaient en la bonne et la mauvaise fortune plus que nous ne pouvons l'imaginer. D'ailleurs, n'oublions pas que c'était aussi le cas en Europe : le loto est apparu car la croyance dans le hasard permettait autrefois de partager des terres, choisir qui était inférieur ou supérieur, etc. Au Japon, les chefs de guerre appréciaient la divination et les coutumes (provenant notamment de la culture ancestrale shintoïste).
On pouvait, par exemple, demander à des chefs de guerre d'entrer dans de l'eau bouillante lors d'un jugement. S'ils mentaient sur leur origines familiales ou sur leur identité, alors ils subissaient de graves brûlures. Dans le cas contraire, ils étaient purs.
Une autre coutume impensable de nos jours est le "Kubi Jikken" (首実検). Lorsqu'un guerrier de haut rang était tué, sa tête était montrée au général pour confirmer son identité. Cependant, au lieu de simplement couper la tête et de l'examiner telle quelle, elle était lavée et maquillée correctement. Certaines d'entre elles portaient même du noir sur les dents, trait esthétique de l'époque.
Aussi, le mort n'était pas effrayant et il fallait reconnaître sa valeur. Même mort, le respect était très important. Par exemple, Nobunaga fit transformer les têtes de trois hommes qu'il avait vaincus (Nagamasa Asai, son père Hisamasa et Yoshikage Asakura) en "haku-dami" (薄濃) : des crânes durcis à la laque et peints à la feuille d'or, qu'il montra à ses vassaux lors d'une fête du saké du Nouvel An. Lorsqu'une personne meurt celle-ci était pleurée, qu'elle fut amie ou ennemie.
De nos jours, les mœurs et les coutumes sont différentes et les guerriers japonais n'existent plus. Néanmoins, les samouraï et les bushi continuent de fasciner les occidentaux.