Irezumi, le tatouage japonais : significations et méthode de dessin

En plus des mythes et légendes du Japon, le tatouage japonais est un élément culturel très apprécié par l'Occident.
Dans cet article, nous allons nous intéresser à la première partie de mon livre sur cet art ancestral : l'histoire de l'Irezumi. Puis nous allons parler des parties qui composent le tatouage japonais pour donner un aperçu de la richesse de l'Irezumi. Chaque élément est en réalité détaillé dans l'ouvrage, avec des illustrations et techniques de dessin pour réussir son tatouage japonais.

Découvrez l'art traditionnel japonais du tatouage Irezumi, son histoire, ses symboles et sa signification profonde. A travers ce livre, laissez-vous guider à travers les méthodes de dessin et les techniques de tatouage. Apprenez comment les tatouages japonais sont devenus une forme d'expression artistique, et comment ils continuent d'inspirer les tatoueurs et les amateurs de tatouages dans le monde entier.


De quand date le tatouage japonais ?

Depuis la préhistoire, le tatouage accompagne les hommes dans leur évolution. Il y a déjà 5000 ans, le corps d’un de nos ancêtres tatoué (Ötzi) s’était fait piéger par la glace. Une connotation religieuse et curative semble expliquer ses tatouages, prouvant que même en ce temps-là le tatouage avait pour vocation d’exprimer quelque chose. Au Japon, le tatouage est également apparu durant la préhistoire (période Jomon).
L'Irezumi, la pratique de la pigmentation et de la cicatrisation de la peau pour laisser des motifs (des figures, des symboles, des lignes, ...), est le terme japonais pour parler d’une des plus anciennes formes de travail corporel humain reconnue dans le monde entier. D’après les gravures qui figurent sur des figurines d'argile (Haniwa) découvertes au Japon, on présume que la coutume de l'Irezumi existe depuis la préhistoire (période Jomon).
Des îles Amami à l'extrémité sud du Japon, aux îles Ryukyu, les femmes avaient pour coutume de se faire un tatouage qu’on appelait Hajichi, du bout des doigts jusqu'au coude. Les traces de cette tradition datent du XVIe siècle mais on suppose qu'elle était déjà pratiquée avant. L'Irezumi, notamment sur les mains, était une sorte de rite religieux pour que la femme mariée reçoive une bénédiction divine. La façon de faire et les motifs différaient d'une île à l'autre, mais la signification restait la même. Les femmes Ainu (tribu indigène du nord du Japon), avaient également des tatouages autour des lèvres.
Le Kojiki et le Nihonshoki, qui décrivent le mythe de la création du Japon, mentionnent également l'Irezumi comme une coutume et une punition des peuples frontaliers. Dans ce contexte, le sens de la beauté au Japon a changé de façon spectaculaire à partir du milieu du VIIe siècle. Dans l'ensemble, l'accent est moins mis sur la beauté physique et plus sur ce qui se dégage de la personne par son être lui-même (sa façon de s’habiller, son parfum, sa gestuelle, …). L'Irezumi a progressivement cessé d'être pratiqué au point de disparaître des éléments culturels (Art et littérature) jusqu'au début du XVIIe siècle.

Quelle place prend le tatouage japonais Irezumi au Japon ?

Durant l'époque Edo, période stable et plus propice au développement culturel, l'Irezumi prend sa place en tant qu'élément culturel et sociétal. Le tatouage japonais était très apprécié par les ouvriers dédiés à la construction d’éléments pour les festivals traditionnels (Matsuri), par les responsables de la sécurité des villes et par les pompiers de l’époque. Ces personnes travaillaient souvent en pagnes plutôt qu'en kimono, pour être plus agile, mais par gêne d'exposer leur peau ils préféraient se recouvrir le corps de tatouages. L'image de l’ouvrier tatoué s’est répandue dans la société et on n’hésitait pas à offrir un tatouage aux jeunes recrues.
Le pompier portait souvent un tatouage de dragon, créature mythologique censée apporter la pluie et la protection spirituelle. À mesure que la demande en tatouages a augmenté, la complexité de ceux-ci s’est développée.
Dans la culture populaire de l’époque, le guerrier chevaleresque en pagne était dépeint dans l'ukiyo-e comme une figure idéale qui "secoure les faibles et s’en prend aux forts".
Dans la première moitié du XIXe siècle, l'artiste Kuniyoshi Utagawa s’est inspiré du roman chinois "Suikoden" ("Au bord de l'eau") pour réaliser diverses œuvres, dont la plupart comportent des personnages tatoués. Aussi, Kunisada Utagawa et d'autres artistes de l’époque ont publié des estampes d'acteurs de Kabuki avec des tatouages peints sur le corps. Grâce à ces 2 influences, le tatouage s’est étendu sur tout le corps, de la tête aux pieds.
Petit à petit, le confucianisme s’est immiscé chez les samouraïs. Ce courant de pensée rejetait toute atteinte physique et le tatouage japonais a à nouveau progressivement disparu. En 1720, le shogunat d'Edo a commencé à transformer l’image du tatouage en apposant et imposant une trace gravée (sur le front ou le bras) comme une punition supplémentaire pour les malfrats. Malgré cela, l’Irezumi restait toujours apprécié et il a atteint son apogée à la fin du XIXe siècle.

Pourquoi le tatouage est-il tabou au Japon ?

Ce tabou japonais arrive dès l’ère Meiji, époque qui marque le passage du Moyen-Âge japonais à l’ouverture auprès de la civilisation occidentale. En conséquence, les invités politiques, les touristes et les marins d'outre-mer (qui avaient rarement visité le Japon depuis 400 ans), ont commencé à venir au Japon. De nombreux voyageurs ont attestés de leur étonnement face à la culture japonaise : bains mixtes, hommes en pagne, écriture, tatouages, … La culture japonaise semblait exotique et hors du monde des occidentaux.
Complexé par ces différences culturelles, le gouvernement Meiji décide de se "civiliser à l’occidentale". Au début du 20e siècle, l’obligation sociale et sociétale de porter des vêtements s’est répandue et les tatouages ont été progressivement cachés. En parallèle et à cause de la répression, le concept de « beauté véritable » s’est associé au caché. Le tatouage a donc survécu grâce à cela, mais de nombreuses communautés (notamment les Ainu et peuples d’Okinawa) ont totalement perdu leurs traditions sous l’ère Meiji à cause d’une pression trop importante (arrestations, retrait des tatouages à l’acide, rejet de la société, …).

Comment le tatouage japonais est-il venu en Europe et dans le reste du monde ?

Alors que le gouvernement rejetait entièrement le tatouage, celui-ci était de plus en plus apprécié par les étrangers comme un véritable souvenir de voyage. Tourismes, marins, … Même le roi George V et le Tsar Nicolas II de Russie se sont fait tatouer au Japon ! L’engouement fut tel que les tatoueurs sont partis du Japon pour exercer pleinement leur art en Asie, en Angleterre ou encore aux Etats-Unis.
Comme de nombreux tatoueurs travaillaient avec les équipages et les passagers des navires, ils se déplaçaient d'un endroit à l'autre, installant leurs lieux de travail près des ports ou louant des hôtels pour proposer leurs services.
Les sculpteurs japonais étaient populaires en raison de leur haut niveau d'habileté. Cependant, ils n'étaient pas en mesure de montrer pleinement leurs compétences car les clients voulaient de petits tatouages, rapides à terminer. A contrario, les clients japonais souhaitaient de grands tatouages qui pouvaient prendre des années avant d’être terminés.

Dès 1948, le tatouage fut à nouveau autorisé au Japon. Lorsque le pays a été occupé par le Quartier général des puissances alliées (GHQ) et que des bases militaires américaines ont été établies dans diverses régions du Japon, les tatoueurs attendaient les militaires américains près des ports pour les tatouer. Les tatouages de style américain étaient préférés aux motifs japonais, mais la clientèle militaire était toujours présente grâce aux guerres de Corée et du Vietnam.
Au Japon, où l'Irezumi a longtemps été tenu à l'écart du public, ce n'est que dans les années 1970 que les tatoueurs ont commencé à diffuser leur art auprès du peuple japonais. Créateurs de mode, groupes de rock et nouvelle jeunesse offre un second souffle à l’Irezumi. Aujourd’hui, le Japon peine à accepter pleinement le tatouage. Entre complexes du passé, influences étrangères et créativité culturelle, le tatouage japonais sublime autant qu’il est caché.


Comment faire un tatouage japonais ?

Le nombre de tatoueurs qui proposent des tatouages japonais grandit continuellement, car celui-ci reste apprécié et évolue au fil des époques. Voyons ensemble les différents éléments qui composent un tatouage au style Irezumi et leurs significations :

Les éléments fondamentaux

La toute première étape dans votre apprentissage consiste à découvrir les différentes manières dont sont représentés et dessinés les éléments naturels. Ils proviennent tous d’une identité culturelle ancienne et traditionnelle, autant inspirée du Kojiki (ouvrage fondateur du Shintoïsme) que des influences sino-coréennes.
4 éléments sont fortement présents dans le style Irezumi : l'eau, le feu, l'air et la terre.

Vous trouverez dans mon livre "Irezumi, le tatouage japonais" toutes les significations et méthodes de dessin pour faire votre tatouage japonais avec ces éléments.

La végétation : arbres et fleurs

Les arbres et les fleurs embellissent les tatouages japonais et enrichissent les autres éléments d’un sens nouveau. Qu'on parle des pétales de fleurs de cerisier, des feuilles du ginkgo ou encore du chrysanthème, la végétation est omniprésente dans l'Irezumi. Nous détaillons tout cela en profondeur dans l'ouvrage en question.

Les animaux

De la signification populaire à la plus raffinée, chaque animal représenté comporte un ou plusieurs sens. Que ce soit la Carpe japonaise, le faucon, le tigre, … L’animal puise son identité fabulée depuis les contes anciens, la culture chinoise et l’animisme japonais.

Tutoriel pour dessiner un chrysanthème japonais
Tutoriel pour dessiner un yokai japonais

Les créatures du folklore japonais

Que serait le Japon sans ses dieux et ses Yokai ? En plus des éléments de la nature, imprégnés eux-mêmes d’une aura divine, plusieurs créatures mystiques apportent de la richesse au tatouage japonais. On parle du dragon, du Kappa, du Tengu, … Bien des créatures aussi effrayantes que fascinantes. Les Yokai sont si passionnants qu’on raconte des histoires les concernant dans tout le Japon, d’Hokkaido à Okinawa en passant par Tokyo. Si les histoires et légendes du folklore japonais vous passionnent, découvrez aussi toute une collection de livres témoignant de leur influence sur la culture japonaise : Les Yokai du Japon.

Les héros et êtres légendaires

De Kintaro au Bouddha rieur, en passant les dieux Fujin et Raijin, les figures légendaires du Japon n’ont pas finies d’être tatouées. En plus des personnages et des stéréotypes que je détaille dans le livre sur les tatouages japonais, le conte chinois Suikoden est une vraie source d'inspiration pour vos prochaines illustrations.

Les autres éléments qui composent le tatouage japonais

L'Irezumi comprend bien d'autres éléments spécifiques. Selon le personnage dessiné ou tatoué, celui-ci doit répondre à certaines normes : une forme de visage spécifique, une coiffure selon l'ère japonaise, les signes distinctifs du clan dont il fait partie, ... Certes, le tatouage est créativité mais certains codes sont ancrés depuis des siècles.


Cet article a été rédigé par Kévin TEMBOURET le 10/03/2023 et il s'agit d'un contenu original, tiré du livre "Irezumi, le tatouage japonais : Les significations du tatouage japonais et méthode de dessin au style Irezumi". Merci de respecter le travail réalisé et les droits d'auteur. Si vous souhaitez utiliser en partie le contenu de cet article, vous pouvez obtenir une autorisation en me contactant directement et en faisant un lien vers cette page depuis votre publication.